Nous étions nus, allongés sur ton lit à profiter de l’instant présent. Je ne savais pas encore que ce serait notre dernière fois « ensemble ». On avait pris un instant pour créer une image mentale de ce moment que nous voulions à jamais graver dans nos mémoires et dans celle du monde. Je me souviens du bruit des voitures à l’extérieur. De celui de ton plafonnier aussi. Je me souviens de ton souffle au creux de mon oreille. Je me souviens de l’odeur de l’intimité, de celle de nos sueurs qui se conjuguaient. Je me souviens du regard que tu avais posé sur moi et de la tendresse avec laquelle tu avais pris ma main.
J’ai souvent repensé à ce moment, et à toutes ces choses que nous interprétons pour de l’amour…
À vivre sur terre les yeux rivés vers le ciel, je me suis heurtée à des pierres qui m’ont brisées. J’ai crié au ciel, « pourquoi tu m’as laissé tomber alors que je te suis si fidèle ». Et le ciel m’a répondu: « Je t’ai offert des yeux. Je te les ai offert pour que tu puisses t’en servir: voir, observer, te guider et non pour que tu passes ton temps à me regarder et espérer que je fasse ce travail pour toi. J’ai fait ma part. »
Ne me parlez plus d’amour, et surtout pas toi Hollywood! L’amour n’a rien à voir avec le fantasme, l’illusion que tu en as fait. Il n’est ni romantisme, ni fleurs, ni diamant, ni promesses, ni projet, ni enfants, ni famille, ni de mariage. L’amour n’a rien à voir avec l’autre, ni la préférence, ni la tendresse qu’on lui porte, ni notre besoin de lui. L’amour c’est ce qu’on devient. Le reflet de moi en l’autre. Son humanité aussi importante que la mienne. Comment je le traite indépendamment de mon attachement à lui, indépendamment du lien qui nous lie, ou du plaisir qu’il m’apporte. Comment je le traite une fois que la romance a disparu, comment je le traite quand elle n’a jamais existé.
Parfois je me demande qu’elles étaient les intentions de départ derrière la création des concepts du couple et du mariage. Pourquoi, fallait-il les habiller de romantisme, de tant de fantaisies pour nous en convaincre? Pourquoi dissimuler la réalité du contrat , du partenariat qu’il est, en pervertissant l’idée de l’amour pour qu’il rentre dans ce moule? Pourquoi m’avoir privé du choix d’y rentrer (ou pas) avertie, préparée, clairvoyante. De laisser libre cours à mon imagination, de créer un modele, épicé à ma propre sauce , au lieu de me formater à ce modèle qu’on a mis du coté de la morale.
Et le couple dans tout ça? Que dire?
La découverte de soi, atteindre la forme la plus élevée de son potentiel est le voyage d’une vie. On a tous des choses à vivre pour grandir. Parfois ce qu’on a besoin de vivre est si complexe, qu’il ne saurait exister dans les limites définies par un modèle du couple où l’attachement, la possessivité, le devoir de vivre ensemble, le partage de son espace et les rôles qu’on adosse prennent trop de place et font parfois obstacle à ce que nous avons besoin de dépasser, de confronter ou de vivre pour enfin faire face à nous-même.
Combien de fois ai-je tourné le dos à moi-même, par automatisme, incapable d’y voir clair, mon conditionnement si fort qu’il m’empêchait d’y voir clair. Comment vivre le « nous » dans ces espaces, sans sacrifier le « je suis » aussi, avant toute chose?
Certains me penseront aigrie. Moi, ce qui m’importe c’est de retirer à la vie de tous les filtres qu’on lui connait, ou du moins en avoir conscience, ne plus la couvrir de fantasme, la voir enfin pour ce qu’elle est, l’apprivoiser telle qu’elle se présente et avec cela, l »opportunité aussi de se réapproprier mon vécu et de construire mon histoire en mes propres termes.
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